ET SI VOUS PARTIEZ EN RUSSIE ?
Publié : janvier 16, 2013 Classé dans : Exil fiscal, Immobilier, Impôts, Placements | Tags: Depardieu, exil fiscal, Immobilier, Moscou, Russie 3 CommentairesGérard Depardieu est votre idole : vous êtes tenté de le suivre en Russie. Voici un comparatif entre le pays le plus grand du monde et la France. Et la côte des prix de l’immobilier à Moscou et en région parisienne. Un match à découvrir, bien au chaud.
Vous êtes tenté de suivre G Depardieu, votre idole préférée en Russie ? Sachez que c’ est le pays le plus étendu au monde avec plus de 17 millions de km², 143 millions d’habitants et une densité de 8,3 habitant au km², comparé à nos 551 000 km², nos 66 millions d’habitants et notre densité de 97 habitants par km² (source Wikipedia).
Des indicateurs économiques très différents
« A connaître avant de partir : une inflation élevée en Russie, une espérance de vie inférieure de 16 ans pour les hommes et de 10,3 ans pour les femmes, un revenu moyen bien plus faible, un chômage également plus faible … » me rappelle le courtier meilleurtaux
FRANCE |
RUSSIE |
|
Inflation |
1,30% |
8,90% |
PIB par habitant en $ |
35.000 |
16.700 |
Espérance de vie des hommes |
77,5 |
61,6 |
Espérance de vie des femmes |
84,3 |
74 |
Revenu moyen/an d’une famille en € |
35.220 |
3.080 |
Chômage |
10,70% |
6,60% |
Immobilier de luxe : les prix fous de Moscou
Dans ce pays le plus grand du monde, ne retenons que la région capitale. A Moscou, plus l’on s’approche du Kremlin, plus les prix des logements grimpent. « Très actif en 2012, le marché de l’immobilier haut de gamme affiche un prix moyen au m2 de 20. 000 euros dans l’ancien contre 15 000 euros dans le neuf. En dehors des secteurs très résidentiels de la capitale, le prix moyen du m2 tourne autour de 4 000 euros pour des logements courants» me confie Irina Artemova, directrice Barnes à Moscou. Un prix moyen à comparer aux 5.590 euros au m2 pour les logements anciens en Ile-de-France, selon la chambre des notaires de Paris
Pour le marché moscovite de l’immobilier de luxe, l’offre s’inscrit en baisse depuis 2010, en raison de la nouvelle politique de la Mairie de Moscou, qui délivre beaucoup moins de permis de construire, surtout dans les quartiers du centre ville
Emprunter, mais à quel taux ?
En France, le taux de crédit immobilier sur 20 ans ressort à 3,30% pour le profil bon (source meilleurtaux.com), mais il grimpe autour de… 12,40% en Russie actuellement. Il est vrai que l’inflation y est nettement plus forte. La baisse des taux d’intérêt n’a donc pas atteint les contrées de l’Oural. En revanche, les droits d’enregistrement dits « frais de notaire » ne représentent qu’environ 1,1% en Russie contre… 7% en France. Les frais d’assurance s’élèvent à 0,25% en Russie contre 1,70% en France (dernière illustration).
Derniers conseils: Même si G Depardieu ne l’a pas forcément fait, apprenez le cyrillique avant de franchir la frontière. Ce sera plus facile pour vous repérer! Et regardez quelles sont les destinations fiscales appréciées par nos compatriotes.
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En effet, l’immobilier est cher, très cher dans la capitale Russe. Mais c’est aussi qu’il se loue bien, même très bien. Moscou est le centre où converge toute la population active du pays. D’où une demande soutenue pour les appartements de location. D’ailleurs, dans les villes qui ont commencé à se développer grâce à l’arrivée des grandes entreprises internationales (comme Togliatti/Samara, par exemple, ravivée par Renault), les prix de l’immobilier explosent également.
Concernant l’espérance de vie, ce ne sont pas que des chiffres. Il ne faut pas penser: la vie est véritablement pénible en Russie… à moins, biensûr, de se trouver (et de se maintenir, ce qui est beaucoup plus difficile déjà) au niveau présidentiel de notre ami Depardieu.
Le stress est ambiant. On a parfois l’impression que c’est une sorte de dopage naturel que les Russes s’injectent. Et ce n’est pas une question de mafia, mais d’imprévisibilité. Surtout agaçant lorsqu’on a prévu un plan d’action et que rien ne se passe comme prévu. En Russie c’est considéré comme normal.
L’environnement (qualité de l’air, de la nourriture, des services médicaux) est également de loin en-dessous des pays occidentaux.
Et les impôts… bref, autant en « importe » le vent. Ce ne sont pas les impôts qui financent l’activité régalienne de l’Etat, on le savait déjà. Leur taux est par conséquent peu important.
La question est plutôt de calculer le taux d’impôt « réel », à savoir, toutes versations prises en compte.
Plus rajoutons un certain bêta pour le risque inhérant à la nationalité étrangère de l’exilé, car il est plus que facile de se faire avoir en Russie sans même s’en douter, si l’on connaît mal la réalité locale, et ce presqu’à chaque coin de rue.
Bref, la Russie comme exil fiscal, – théoriquement oui, pourquoi pas, mais la Russie comme destination sûre pour y apporter son argent, ça, ce n’est pas du tout aussi certain. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que les Russes eux-mêmes avaient toujours cherché, au contraire, à expatrier, leurs revenus.
Merci pour votre témoignage fort intéressant. « les Russes eux-mêmes avaient toujours cherché, au contraire, à expatrier, leurs revenus » écrivez-vous. Quels étaient leurs destinations de prédilection en dehors de l’Autriche.
Actuellement cherchent-ils encore à expatrier leurs revenus? Si oui: dans quels pays?
Question intéressante. Il y a d’ailleurs tout un débat autour du thème de la fuite de capitaux hors de la Russie, qui dure depuis l’automne dernier.
Si j’ai bien compris, ce qui nous intéresse ici, ce ne sont pas tant les investissements privés des entreprises russes à l’étranger, mais bel et bien les « investissements » privés des personnes physiques. À savoir, où irait placer son argent l’homologue russe de Depardieu.
Certains analystes russes appellent ce phénomène « évacuation de la fortune privée ». Il a toujours existé et n’est pas prêt de disparaître à cause d’un grand degré d’imprévisibilité de l’environnement économique et juridique de la Russie. Ce degré de risque accru est en quelque sorte le revers de la médaille et contrebalance les nombreuses possibilités de gain rapide offerts par l’économie russe. Ayant réussi, il s’agit pour le Russe en premier lieu de sécuriser ses gains, à savoir, de les sortir de la machine économique.
De façon générale les Depardieu russes ont toujours de l’appétit pour l’immobilier de luxe, en Europe de préférence, au bord de la mer ou à la montagne. À la carte depuis 2011 nous avions quelques nouveautés: hormis la Côte d’Azur (qui a toujours la côte), les Russes devenaient propriétaires en Croatie, en Bulgarie et au Monténegro.
Le Russe choisit l’Europe, car pour avoir investi dans une maison et un terrain sur sol européen il obtient le droit de séjour dans le pays en question et un visa shengen en prime.
Le côté luxe et la localisation prioritaire au bord de la mer ou en montagne s’expliquent à la fois par le désir de se faire plaisir et la facilité d’obtention du permis de construire dans les zones touristiques en développement de certains pays (c’est le cas des régions de Komovi et de Belasica au Monténegro, par exemple). Je doute que les russes qui investissent dans l’immobilier de luxe dans les resorts européens pensent sincèrement à rentabiliser leur achat en le louant, par exemple. La majeure partie du temps lorsque le propriétaire est absent, villas et chalets sont vides, hantés seulement par des hordes de gardes du corps et quelques domestiques.
Et en ce qui concerne les investissements russes à l’étranger de façon plus large, j’ai également établi une liste par ordre décroissant des pays recueillant les flux financiers en provenance de la Russie. Je me suis basée sur les statistiques fournies par Rosstat, l’agence fédérale dont les méthodes de calcul restent discutables. Cependant, je pense qu’elles sont fiables pour avoir un ordre d’idées:
1) Pays-Bas
2) Chypre
3) Suisse
4) États-Unis
5) Luxembourg
6) Biélorussie
7) Iles Vierges (GB)
8) Saint-Kitts et Nevis
9) Grande Bretagne
10) Autriche
Ces dix pays totalisent 86,7% des investissements russes à l’étranger.
On notera qu’il y a dans cette liste bon nombre de « paradis fiscaux » et d’off-shore. Ceci s’explique par un mécanisme mis en place par les investisseurs locaux afin de profiter des mesures du gouvernement russe pour rendre l’économie du pays plus attractive au regard des investisseurs étrangers. Il s’agit d’abord d’expatrier les capitaux vers une filiale dans une économie off-shore, puis de les réinvestir en Russie, mais cette fois sous forme de capitaux étrangers.
Ceci dit, c’est une « technique » à la limite de la légalité et ceux qui l’appliquent restent de fait des Russes, des insiders avec une connaissance poussée des réalités du pays, un réseau social développé dans toutes les administrations concernées et qui sont au courant des dernières tendances politiques. Ce qui n’est pas toujours le cas lorsque l’on arrive de l’étranger.