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EXIL FISCAL : DES HERITIERS LORGNENT VERS LA SUISSE

Les héritiers seront taxés comme si le défunt, qui résidait en Suisse avait toujours vécu en France. Désormais, le droit applicable en matière de succession et d’héritage sera celui du pays de résidence des héritiers, et non celui du défunt, selon la nouvelle convention franco-suisse sur les successions.

Les rives du Léman à Genève

Nouveau coup de Trafalgar pour les détenteurs de gros patrimoines. Une nouvelle convention fiscale entre la France et la Suisse en matière de droits de succession a été signée le 11 juillet dernier par le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici et son homologue suisse, Eveline Widmer-Schlumpf (EWS). Si elle est ratifiée par les Parlements de deux pays, elle devrait entrer en vigueur en janvier 2014. Pour bien comprendre les changements qu’elle entraînera, je vous explique la convention encore vigueur.

Actuellement Grâce à la convention fiscale bilatérale entre la France et la Suisse en matière de succession, un Français fortuné pouvait s’installer (fiscalement) sur les rives du lac Léman, pour réduire les impôts supportés par ses héritiers, lors de sa succession. En effet, en fonction de cet accord, les héritiers (résidant en France) étaient soumis aux droits de succession suisses pour tous les biens situés dans la Confédération. Et aux droits de succession français, pour les actifs encore restés en France.

En vertu de ce sacro principe de répartition de l’impôt, la facture à régler aux fiscs était sérieusement allégée. Côté Français, les exilés fiscaux s’organisaient pour détenir le minimum de biens dans l’Hexagone. Côté helvétique, dans la plupart des cantons, les droits de succession sont minimes, voire nuls.

Pas de doute, cette convention instaurée en 1953, avait incité certains Français fortunés à s’établir en Suisse en particulier. Et ce, pour prendre leur retraite, une fois leur entreprise cédée.

 

Demain  Le principe de la répartition disparaît, selon le nouvel accord finalisé le 11 juillet dernier prévoit tout bonnement. S’ils résident toujours en France, les héritiers supporteront les droits de succession français sur tout le patrimoine du défunt. A savoir sur ses biens situés en France, mais également sur ceux situés dans la Confédération.  Résultat : pour une succession importante en ligne directe, on pourra ainsi passer d’une imposition quasiment nulle, à une amputation de 45 % du patrimoine transmis.

« L’imposition par la France des biens immobiliers situés en Suisse est assez surprenante, car contraire aux principes généralement acceptés en matière de taxation internationale. EWS peut signer…mais le parlement, voire un référendum en décidera. » me confie un avocat genevois. Les cantons accueillant les Français « au forfait » (Genève, Vaud, Valais, Jura…) risquent de ne pas ratifier cet accord.

UNIQUE SUR LE LEMAN -  PIED DANS L'EAU D'EXCEPTION

Unique sur le Léman : pied dans l’eau de prestige (source Barnes)

La solution pour les héritiers

En attendant, comme les héritiers résidant en France seront taxés comme si le défunt avait toujours vécu en France, ils sont réellement tenter de s’exiler eux aussi en Suisse. « Depuis plusieurs semaines, nos agences suisses reçoivent des demandes depuis la France. Les intéressés se renseignent sur la situation du marché immobilier helvétique avec l’idée de s’installer ici. Ce ne sera évidemment pas possible pour tous les candidats à l’exil car conditions d’immigration en Suisse sont strictes et l’achat de propriétés par les étrangers reste réglementé » m’explique Thibault de Saint Vincent, à la tête de Barnes, un réseau d’immobilier de prestige.

La nouvelle convention risque donc d’avoir un effet pervers sur les finances publiques françaises et encourager l’exil fiscal. Loin de rapporter davantage, elle risque au contraire de vider un peu plus les caisses de l’Etat.

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IMPOTS : VOUS AVEZ DIT EXIL FISCAL ?

Retour sur les conditions de l’exil fiscal, quand Depardieu quitte le pays de Lénine pour tourner un film en France

LENINE
Oui, vous avez bien reconnu Lénine… sur un tapis!


En plein mois d’août, notre « Gégé » ex-national,  est de retour à Paris pour le tournage d’un film de Frédéric Auburtin. Afin d’ incarner Jules Rimet, le créateur de la Coupe du monde de football, l’acteur quitte donc sa Russie d’adoption pour retrouver sa France natale. Revenir simplement dans l’Hexagone le temps d’un tournage, c’est possible sans remettre en cause, son statut fiscal de non résident.

Parmi les conditions à remplir pour être considéré comme un « étranger » aux yeux du fisc français, il faut résider en France moins de 183 jours par an. Et surtout exercer son activité professionnelle hors de France et avoir ses intérêts économiques hors de France. Pas de souci pour Gérard Depardieu, je suis sûre qu’il s’est entouré de professionnels avisés pour réussir son expropriation.

Description de cette image, également commentée ci-après

La France, un enfer fiscal ?

Sans être acteurs, les candidats au départ font une sorte de benchmark des destinations où résider pour payer moins d’impôts. « Pour sélectionner un pays où établir leur domicile fiscal, fiscalement, les candidats à la délocalisation prennent en compte surtout le niveau local de la fiscalité au regard de l’impôt sur le revenu, de la cession de titres cotés ou non, l’éventuel impôt sur la fortune et les droits de succession » me confie un avocat fiscaliste basé à Paris.

Bien sûr, aidés par leurs conseillers fiscaux, les candidats à l’exil fiscal comparent les taux d’impôt pratiqués à l’étranger avec ceux retenus en France et majorés des prélèvements sociaux. Constituant un double niveau d’imposition, ces derniers se chiffrent actuellement à 15,5%, ce qui, contribue à cet exode fiscal. « En présence d’une fiscalité égale à celle en vigueur en France, les taux de prélèvements sociaux font la différence », me signale Louis Eudes, à la tête de Delocalia, société spécialisée dans l’accompagnement à l’étranger.

Depuis un an, des milliers de détenteurs de gros patrimoines ont déjà quitté la France, comme en témoigne la mise en vente de biens immobiliers de prestige dans nos frontières.  Des estimations circulent sur les chiffres de l’exil fiscal.
En outre les mesures fiscales décourageantes qui devraient figurer dans le projet de loi de finances pour 2014 risquent d’accentuer ce mouvement de départ vers des cieux fiscaux plus cléments.           Attention, Bercy devrait garder à l’esprit que « trop l’impôt tue l’impôt ».

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IMMOBILIER : TENTATION TROPICALE A L’ILE MAURICE

Dans l’Océan indien, l’île Maurice profite de l’exil fiscal en provenance de France. Les programmes immobiliers destinés aux étrangers y deviennent plus abordables.
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Marché à Port Louis

Merci François Hollande. A force de matraquer les Français avec des impôts, l’exil fiscal se porte bien. « Sur les dix-sept dernières ventes de villas à l’Ile Maurice que nous venons de conclure, une dizaine concernait des acquéreurs français » me confie en privé un spécialiste.
Certes il faut dix heures d’avion pour rejoindre cette île de l’océan indien, proche de la Réunion, mais quasiment sans décalage horaire avec la France. Outre ses lagons aux eaux cristallines, j’apprécie la gentillesse de la population locale essentiellement francophone. 

La fiscalité mauricienne est attractive. Jugez un peu :

Impôt sur le revenu et sur les sociétés à 15%
– Traité de non double imposition entre l’île Maurice et la France
Pas de taxe sur la plus-value immobilière
Pas de droits de succession
« Avant de changer de résidence fiscale, les contribuables fortement fiscalisés tiennent compte des taux d’imposition et des prélèvements sociaux » m’explique Louis Eudes, à la tête de Délocalia.

A quoi s’ajoute l’IRS (Integrated Resort Scheme), un régime réglementé  permettant aux étrangers d’investir à l’ile Maurice et de devenir propriétaire d’un bien immobilier.  En outre, il donne accès à un permis de résidence permanente mauricien.

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A ce jour, les Français souhaitant vivre une expérience tropicale ont le choix entre huit programmes IRS. Le dernier en date s’appelle Amalthea et fait partie du resort Anahita.

Alors qu’il fallait acquérir des biens de l’ordre d’un million d’euros dans les programmes de la première génération lancés il y a un peu moins de dix ans, je constate que les opérations actuelles sont plus abordables pour la clientèle européenne, avec des biens à partir de 500.000 euros. Comme dans le resort Azuri, le promoteur Amalthea propose même une garantie de location pendant les trois premières années. Pas de doute, la crise économique est passée par là. Et les entrepreneurs ou pigeons découragés par la lourdeur tricolore pourraient être tentés d’utiliser Maurice comme porte d’entrée sur l’Afrique, pour leur business.



LES VRAIS CHIFFRES DE L’EXIL FISCAL

« L’enfer fiscal » décourage des résidents français et des non-résidents. Résultat : le mouvement d’exil fiscal se poursuit, ce qui impacte le marché immobilier haut de gamme.

source: Knight Franck

A plusieurs reprises dans ce blog, j’ai consacré des billets à l’exil fiscal. Le dernier confirmait la poursuite du mouvement. A la mi-avril, je viens de rencontrer Charles-Marie Jottras, Président du Groupe Féau. « Sur la population des nouveaux mandats de vente entrés au second semestre 2012, pour des biens supérieurs à 2 millions d’euros, 25% des vendeurs quittent la France. Pour les biens d’une valeur de plus de 7 millions d’euros, 44% des vendeurs quittent également l’Hexagone ».

Le poids des non-résidents

Ce n’est pas nouveau. Depuis l’an dernier, des retraités, mais également des jeunes entrepreneurs préfèrent s’expatrier. Cependant Féau m’apporte une précision intéressante : sur ces 25% de vendeurs d’un bien supérieur à 2 millions quittant la France, 8,5% sont des résidents français et 16,5% des non-résidents. Par conséquent des propriétaires payant leurs impôts ailleurs qu’en France. Pour les plus gros actifs immobiliers, le poids des non-résidents grimpe à 28%. Non-résidents ou pas, les quelques centaines de départs ont pour conséquence de mettre sur le marché des biens à vendre qui totalisent environ 1,6 milliards d’euros.

Notre image « d’enfer fiscal »

Pas de doute, le chiffre symbolique de 75% en matière d’impôt sur le revenu et la lourde fiscalité sur le capital effraient les contribuables français. Mais aussi les non-résidents, alors qu’ils ne sont pas concernés par ces dispositifs fiscaux. En revanche, les non-résidents supportent le régime fiscal des plus-values immobilières : exonération au bout de 30 ans de détention contre seulement 15 ans auparavant et imposition des plus-values aux prélèvements CSG-CRDS !

File:Coat of arms of Saudi Arabia.svg

Emblème de l’Arabie Saoudite

Des régimes dérogatoires

Seuls échappatoire : pouvoir profiter des mesures dérogatoires instaurées par Bercy pour les gros clients du pays du Golfe. Par exemple la famille de l’Emir du Qatar. Ou la famille royale d’Arabie Saoudite… qui compterait quelques 10.000 personnes ! Alors qu’ils sont très attirés par Londres, les clients en provenance des pays du Golfe consacrent environ 10.000 millions d’euros pour s’offrir un bien immobilier à Paris.  Une preuve que ces régimes de faveur tricolores ont du bon. Quand Paris les appliquera-t-il à ses propres ressortissants ? En attendant, des cadres et jeunes diplômés quittent la France.

Retrouvez cet article et d’autres, sur mon blog http://www.mdenoune.wordpress.com

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